« On parle de plus en plus de “la bio” et plus “du bio” pour différencier le bio classique du bio plus responsable. Les plus petits acteurs vont avoir tendance à aller de plus en plus vers “la bio” tandis que les plus gros acteurs vont aller vers le bio “de masse” » – Emna Everard
Hello à tous,
J’espère que vous allez bien ? Je me présente, je suis Nicolas J. Chevalier, Explorateur en Chef et fondateur d’E-Commerce Nation. Je vous retrouve cette semaine pour le nouvel épisode du podcast des Explorateurs du E-Commerce en compagnie d’Emna Everard, co-fondatrice de Kazidomi. J’espère que celui-ci vous plaira tout autant que les précédents.
Dans ce podcast, je vous emmène dans les coulisses du e-commerce en France. Comme chaque mercredi, vous découvrirez les retours d’expérience exclusifs, des histoires inspirantes et des personnalités hautes en couleur. J’espère que vous êtes confortablement installés pour ce voyage au coeur de la nation du e-commerce.
Adèle Picolo:
On se retrouve aujourd’hui avec Emna Everard, co-fondatrice de Kazidomi. Bonjour Emna !
Emna Everard:
Salut Adèle, bonjour à tous !
Adèle Picolo:
Du coup est-ce que tu peux te présenter et nous raconter un peu ton parcours, ce que tu faisais avant de créer Kazidomi ?
Emna Everard:
Alors j’ai toujours voulu ouvrir un magasin dans lequel on pouvait faire ses achats les yeux fermés. À 12 ans je disais déjà à mon père qu’il fallait regarder chaque étiquette dans les supermarchés etc. Et donc ça a vraiment été mon rêve. J’ai commencé à 18 ans quand j’ai dû faire un choix pour avoir une carrière plus universitaire. Je me suis tournée vers des études de commerce, après pas mal d’hésitations sur tout ce qui était médecine, parce que mes deux parents sont médecins. Je me suis donc tournée vers ce qui était commerce en sachant pertinemment ce que je voulais faire à la sortie de mes études. C’était lancer ma boîte, lancer cette chaîne de magasins à l’époque et on verra vite que le projet a plus évolué vers l’e-commerce, qui est dans les tendances d’aujourd’hui, plutôt que la chaîne de magasins dont je rêvais à l’époque.
Adèle Picolo:
Et du coup c’était quoi ta formation ? Est-ce que tu as directement voulu lancer Kazidomi après des études ?
Emna Everard:
En fait j’ai fait des études d’ingénieur commercial et oui j’ai même lancé Kazidomi pendant mes études, ma thèse de fin d’études c’était un business plan sur Kazidomi. Lorsque je l’ai présenté en fin d’année, il y avait déjà une première version du site qui était en ligne. Ce qui est marrant c’est que la première version n’était pas du tout ce qu’elle est aujourd’hui. L’idée de départ c’était d’ouvrir un e-commerce qui permettait de personnaliser ses achats sur la base de son régime alimentaire. Donc le client pouvait introduire des critères, je mange sans gluten, je mange sans lactose, et il allait alors avoir accès uniquement à des produits qui répondaient à ses besoins. Donc au début on a beaucoup travaillé avec des médecins, des diététiciens etc. qu’on allait voir et qu’on essayait de convaincre, pour qu’eux ensuite le recommandent à leurs patients. Malheureusement, on s’est assez rapidement rendu compte que ce milieu là n’était pas facile. Non seulement les atteindre, mais en plus de ça de les convaincre, ce sont souvent des personnes qui sont assez occupées et en plus de ça beaucoup de personnes associaient un peu Kazidomi à une plateforme pour les personnes avec des problèmes, ce qui n’était pas très fancy, ce qui n’était pas toujours très attirant. Alors qu’on s’était rendu compte qu’il y avait énormément de produits qui étaient pour tout le monde en fait. Ce n’est pas parce qu’un produit est sans gluten, qu’un produit est sans lactose, que c’est seulement des personnes intolérantes au lactose ou gluten qui peuvent le consommer. On s’est rendu compte que notre cible était très petite, et à cause de notre communication on perdait toute une partie de la potentielle clientèle qu’on pouvait avoir. Donc c’est comme ça qu’à un moment on s’est vraiment dit il faut qu’on change notre communication et qu’on s’est beaucoup plus tourné vers les canaux d’acquisition digitaux comme Instagram, Facebook, les newsletter etc. plutôt que ces canaux de communication un petit peu entre guillemets physiques comme des événements, les médecins etc. qui étaient moins à portée de main pour une équipe de jeunes, qui étaient très longs dans le digital. Donc voilà on a complètement changé la communication au bout de six mois, et la plateforme ressemblait plus à ce qu’est Kazidomi aujourd’hui, quelque chose de sympa avec des produits qui sont mis en situation, qui donnent envie. Pas seulement du sain, mais aussi du gourmand, ce qui était très important pour les consommateurs.
Et alors, la deuxième chose qu’on a changée, on s’est rendu compte assez vite que l’une des choses qui posaient problème c’était le prix. On sait tous que tout ce qui est bio, tout ce qui est sain, ce n’est pas toujours donné à tout le monde. C’est beaucoup plus cher que ce qu’on trouve dans les supermarchés classiques. On avait beaucoup de retours de nos clients. C’est super il y a plein de produits qui me donnent envie, il y a plein de chouettes recettes, mais ce n’est financièrement pas possible pour moi. Donc on a mis en place ce système d’abonnement qui a fait vraiment en sorte que Kazidomi décolle, et il faut le voir comme une carte de fidélité qui donne accès à des réductions sur tous les prix, et ce durant un an. Pour nous ça a vraiment été magique parce que d’une part les clients ont eu accès à des prix plus accessibles et donc on a eu de plus en plus de clients, mais aussi d’autre part, on avait des clients de plus en plus fidèles. Dans le e-commerce, c’est très très dur parce que le milieu est assez concurrentiel, tout le monde fait un peu des promos et c’est très facile d’aller d’un site à l’autre, de comparer les prix etc. Et donc la fidélité est très basse, ce qui n’est pas facile pour les e-commerçants parce que ça coûte très cher d’acquérir un client en ligne. Souvent on pense que c’est l’inverse, on se dit que le e-commerce ça ne coûte rien par rapport au commerce physique. Mais ce n’est pas nécessairement vrai, acquérir un client en ligne, comme le marché très concurrentiel, c’est assez cher et si on dépense beaucoup en marketing pour acquérir quelqu’un qui en fait s’en va après la première commande, c’est très très difficile d’être rentable. Et donc grâce à ce système d’abonnement, on a vraiment des personnes qui commandent très très régulièrement sur le site.
Adèle Picolo:
Et justement tu disais c’est vrai que les produits, tout ce qui est bio, produits sains c’est cher. Comment est-ce que vous arrivez à vendre des produits aussi bas en fait avec tant de réduction ?
Emna Everard:
En fait c’est très simple on se rémunère vraiment quasi exclusivement sur l’abonnement. L’abonnement coûte 100 euros par an et donc on se rémunère sur ces 100 euros, plutôt que de faire des marges en fait comme le font la plupart des retailers sur les produits. Donc la marge que les retailers se prennent, on la donne au client. On couvre juste nos frais de logistique et on se rémunère uniquement sur l’abonnement.
Adèle Picolo:
D’accord et du coup comme tu me l’avais mentionné auparavant, la logistique c’est pour ça que c’est basé en Belgique.
Emna Everard:
Oui exactement. Donc on a fait pas mal de calculs, on a eu des devis de plusieurs entreprises de logistique, mais aussi des transporteurs etc. Et on s’est rendu compte que c’était moins cher d’établir l’entrepôt sur la Belgique, qui est un pays en fait assez central. Parce que Kazidomi avait une vocation pas seulement francophone, mais aussi européenne et donc on a vraiment fait notre choix en se disant, si peut toucher la Hollande, toucher l’Allemagne etc. Quel est le pays le plus stratégique ? C’était la Belgique.
Adèle Picolo:
Et au niveau justement de tout ce qui est bio, produits sains. Comment est-ce que tu as vu évoluer cette tendance depuis la création de Kazidomi ? Et sur les différents marchés aussi, sur les différents pays ?
Emna Everard:
C’est assez marrant, mais la progression s’est faite assez vite. Après c’est peut-être un petit peu biaisé parce que je suis dans le secteur, mais j’ai eu l’impression qu’il y a de plus en plus de personnes qui se sont intéressées à leur consommation. Premièrement, je dirais au tout début c’était très axé “je veux manger plus sainement, je veux faire plus attention à ce que je consomme, je veux faire plus de sport etc.” Et aujourd’hui on tend de plus en plus vers du zéro déchet. Non seulement les personnes veulent du sain, mais ils veulent aussi du naturel avec un minimum de déchets. Et donc nous en tant que e-commerçants, on doit aussi faire de plus en plus attention aux fournisseurs avec lesquels on travaille, s’assurer que les packagings sont recyclables, s’assurer qu’il n’y ait pas trop d’emballages dans les commandes. On récupère par exemple tous les cartons des fournisseurs qu’on broie et qu’on utilise pour reconditionner les produits et les protéger. Ce genre de choses n’était pas du tout valorisé il y a deux ans et aujourd’hui si on met un morceau de plastique dans une commande, on a un feed-back directement. Les clients sont vraiment de plus en plus sensibles à tout ce qui est écologie.
Adèle Picolo:
Oui on peut voir qu’il y a beaucoup de grands groupes comme Carrefour par exemple, qui se mettent aussi au zéro déchet. C’est vrai que ça devient vraiment de plus en plus important. Est-ce que vous avez, ou vous allez mettre en place peut-être, des packagings qui sont réutilisables ?
Emna Everard:
On y a beaucoup pensé, mais c’est un petit peu compliqué dans le sens où, par exemple tout ce qui est bocaux en verre etc. On peut aller les récupérer uniquement si on travaille avec son propre transporteur, et nous comme on travaille avec des transporteurs externes pour le moment, récupérer des conditionnements ou des packagings c’est compliqué. Mais on essaie vraiment de travailler avec des packagings qu’on peut soit recycler, soit réutiliser. On a par exemple toute une gamme en marque propre, on a énormément de personnes qui récupèrent nos conditionnements pour y mettre tout type de produit. On envoie de temps en temps des newsletters avec des conseils sur quoi faire avec les caisses Kazidomi qu’on vous envoie, il y a toute une série de possibilités pour ne pas les jeter à la poubelle, par exemple les brûler dans son feu en hiver etc.
Adèle Picolo:
Je rebondis justement sur ce que tu disais, tu me parlais de la marque Kazidomi. Vous l’avez développée comment, est-ce qu’elle était là dès le début ou au fur et à mesure justement que vous avez décidé de créer des produits Kazidomi ?
Emna Everard:
Elle est arrivée la marque Kazidomi après une année. On a commencé en développant toute une gamme de produits en vrac, tout ce qui est riz, noix de cajou, fruits secs, lentilles etc. Tous ces produits de base qui peuvent parfois être chers dans les magasins. Notre volonté c’est vraiment de rendre tous ces biens de première nécessité, de les rendre accessibles, plus abordables avec des prix intéressants. Et c’était beaucoup plus facile de rendre ces prix intéressants en les faisant en marque propre plutôt qu’en passant par un distributeur qui souvent se prenait une marge après le fournisseur. Donc voilà on a décidé de commencer avec cette marque-là, et là maintenant on a vraiment un gros projet de développement de marque propre avec par exemple une gamme de pesto, une gamme de sauce tomate, une gamme de pâtes, une gamme de lait etc. Tout ça va arriver dans les prochains mois.
Adèle Picolo:
Et actuellement il y a combien de produits Kazidomi ?
Emna Everard:
Il y a environ 150 produits aujourd’hui.
Adèle Picolo:
Et en tout sur le site vous référencez combien de produits ?
Emna Everard:
On référence aujourd’hui 2.000 produits. Après la bonne nouvelle c’est qu’on est en plein déménagement, on était dans un entrepôt de 250 mètres carrés, on déménage de 2000 mètres carrés là maintenant. Et donc il y a 1000 produits qui vont arriver très prochainement sur le site, d’ici la fin du mois d’avril on aura 3000 références. L’idée c’est d’avoir au total environ 20% de nos références qui seront développées en marque propre.
Adèle Picolo:
Au niveau de l’abonnement puisque Kazidomi, ça marche avec un concept d’abonnement, justement qu’est-ce qui fait que l’abonnement apporte quelque chose en plus, ou au contraire il y a des freins ?
Emna Everard:
Alors forcément le premier avantage c’est le prix. Le consommateur voit directement quelle est l’économie qu’il fera sur chaque produit ou de manière globale sur sa commande, grâce à l’abonnement. Et en général, l’économie moyenne par commande est entre 25 et 40 euros en fonction du panier d’achat. Si la personne n’est pas abonnée elle va recevoir directement l’information de si elle était abonnée voilà ce qu’elle aurait économisé. Et on se rend compte qu’au bout de quatre mois en général, l’abonnement est rentabilisé. Ce que nous on promet aux clients, c’est de rembourser la différence en bons d’achat si l’abonnement n’est pas rentabilisé. Comme ça il y a un frein en moins, et le client a moins peur de débourser une telle somme pour s’abonner. Mais voilà aujourd’hui on a vraiment très très peu, on a moins de 2% des clients qui ne renouvellent pas leur abonnement, et le nombre de personnes qui demandent un remboursement est encore plus faible. En général les personnes sont assez contentes.
Adèle Picolo:
Et du coup sur 2018 si on fait un petit bilan au niveau des tendances du marché et de l’évolution des habitudes des clients sur votre site ou même sur les produits bio et sains, qu’est-ce que tu constates ?
Emna Everard:
Je dirais deux choses. Il y a le “free from” qui est vraiment monté en puissance, donc c’est tous les régimes “sans”, donc les personnes qui veulent manger vegan, qui veulent manger sans gluten, sans lactose, qui veulent manger sans sel etc. Donc sur ça, on a toute une série de filtres sur le site qui sont les fameux filtres qu’on avait déjà à l’époque lorsqu’on voulait plus que Kazidomi soit considéré comme un supermarché un peu personnalisé. Ces filtres sont vraiment énormément utilisés, et on constate que les clients veulent de plus en plus de produits “sans”. Le deuxième aspect c’est l’aspect “Zero Waste”, qui est vraiment pour le moment de plus en plus considéré. Les gens veulent faire leurs propres cosmétiques. Les gens veulent faire leurs produits ménagers eux-mêmes, sans qu’il y ait toute une série d’ajouts etc. Je dirais au niveau consommateur c’est vraiment les deux choses qui ressortent.
Adèle Picolo:
Est-ce que tu as des chiffres pour montrer vraiment l’évolution qu’il y a eu, par exemple entre 2017 et 2018 ?
Emna Everard:
Pour être honnête, je n’ai pas de chiffres comme ça, parce qu’en fait Kazidomi comme une start-up, l’évolution du nombre de clients est là et donc c’est un peu dur de donner un pourcentage de croissance en sachant qu’il y a deux ans on avait un nombre de clients incomparable à celui qu’on a aujourd’hui, mais on constate clairement que les tendances sont là.
Adèle Picolo:
D’accord et au niveau de la concurrence, parce que je sais qu’au niveau du e-commerce c’est très très concurrentiel. Au niveau vraiment des e-commerces bio, des e-commerces qui proposent des abonnements, est-ce que c’est autant concurrentiel ?
Emna Everard:
Mais c’est tout nouveau comme système. Kazidomi a été le premier e-commerce à ma connaissance sur la France et sur la Belgique à mettre en place ce système. Et il y a d’autres start-ups qui se sont développées sur base de ce modèle là par la suite. On a eu la chance d’être le premier acteur qui a fait parler de lui grâce à ce système. Mais oui la concurrence est là. Après c’est à nous d’être les plus forts pour créer une vraie communauté. Notre idée, notre volonté, c’est vraiment de créer un lien avec le client. Pas seulement lui dire, mais grâce à ton abonnement tu peux bénéficier de prix avantageux. L’idée c’est aussi de dire grâce à ton abonnement, tu appartiens à une communauté privilégiée qui a toute une série d’avantages, ou des cadeaux, des conseils, des recettes que tu n’aurais pas si tu n’étais pas abonné. Et puis après le dernier aspect, c’est l’aspect confiance. On travaille toujours avec des médecins et des personnes spécialisées en nutrition, depuis le début, pour sélectionner tous les produits. Et donc les personnes qui achètent sur Kazidomi savent qu’il y a eu une sélection au préalable et qu’on ne va jamais leur proposer des produits où ils auront à aller vérifier les étiquettes etc. Et si par hasard un fournisseur change tout d’un coup sa composition, et qu’il y a un ingrédient qu’on accepte plus, très rapidement le client va nous le signaler et Kazidomi va immédiatement retirer le produit. On essaie de tisser un lien de confiance avec le client et d’être très réactifs et très à l’écoute par rapport à ce qu’ils disent.
Adèle Picolo:
D’accord et comment vous communiquez avec votre client ? Est-ce que vous avez par exemple sur les réseaux sociaux des groupes justement qui forment une communauté ?
Emna Everard:
On travaille énormément avec Instagram où on est très très proche de nos clients. On a vraiment des centaines de messages chaque jour et on s’assure d’y répondre. Si ce sont des commentaires ou des questions liées aux commandes, on a une personne qui se charge des clients, qui va répondre dans les détails à tout ça. Si ce sont des questions plus sur tout ce qui est diététique nutrition, on a une diététicienne en interne, elle se charge d’y répondre, de conseiller les gens, de leur recommander des produits spécifiques sur base de leur profil.
Adèle Picolo:
D’accord et votre clientèle, parce qu’elle est aussi française et belge, mais est-ce que vous vous développez aussi à l’international ?
Emna Everard:
Aujourd’hui la France est notre premier marché, la Belgique le deuxième, et les Pays-Bas sont en train de se développer. Là on vient justement d’embaucher deux personnes néerlandophones pour développer ce marché-là, qui se développe plutôt pas mal. Et l’idée c’est vraiment dans les prochains mois d’aller attaquer différents marchés, en sachant qu’il faut être prudent. Il faut adapter son catalogue aussi. On pense souvent que parce qu’on a un site e-commerce, directement on peut vendre partout. C’est valable pour les vêtements par exemple, c’est valable pour des cosmétiques. Mais pour l’alimentaire les gens sont souvent liés à des marques, ils sont habitués à avoir certaines marques. Si on décide tout d’un coup de vendre en Allemagne, il va falloir qu’on ajoute aussi des marques allemandes et qu’on ait plus seulement des marques francophones. Il y a toute une stratégie à avoir derrière et à respecter si l’on veut pouvoir vraiment être efficient dans la pénétration de ces nouveaux marchés.
Adèle Picolo:
Est-ce que sur les différents marchés, que ce soit aux Pays-Bas, en Allemagne ou même les autres pays européens, est-ce qu’il y a cette même tendance du bio et du manger sain, du bien-être ?
Emna Everard:
Oui elle est assez présente. Je pense qu’elle est présente de plus en plus dans tous ces pays européens. Je dirais développée, l’Allemagne et la Hollande ce sont deux bons exemples, mais il y en a des tas d’autres. Le Luxembourg est un pays qui est aussi de plus en plus touché par ça, on a pas mal de personnes d’ailleurs du Luxembourg qui commandent sur le site. Les Suisses aussi, qui eux le coût des produits est très élevé en Suisse, et donc ils sont super intéressés d’aller acheter sur des sites comme celui de Kazidomi où les produits sont moins chers, parce que dans leur pays c’est vraiment très cher. Et aussi l’Espagne, le Portugal, l’Italie, on sent vraiment qu’il y a un développement des tendances bio, des tendances Zero Waste.
Adèle Picolo:
Si on revient sur 2019, quels sont les enjeux de Kazidomi ? Que ce soit au niveau du développement, au niveau de la concurrence, de la stratégie e-commerce. On avait parlé par exemple du développement de la marque propre.
Emna Everard:
Comme je l’expliquais, on vient de déménager là maintenant dans un espace plus grand, donc on veut vraiment développer le catalogue en s’assurant qu’il soit super complet, en s’assurant que la gamme de produits propres soit aussi complète que possible et en ayant également des produits qui sont parfois un petit peu plus spécifiques et difficiles à trouver. On travaille énormément avec les clients pour construire le catalogue. On fait beaucoup de sondages pour savoir quels sont les produits qui intéressent les clients etc. Ce n’était pas possible de toujours respecter ces sondages et de tout ajouter dans notre ancien entrepôt, mais là on a bien préparé toute la liste. L’idée c’est vraiment de faire un gros travail au niveau des produits et du catalogue. Ensuite, on a également un projet IT, et on va développer une application smartphone. Dans un premier temps on avait décidé de ne pas le faire parce qu’une application en général elle est utilisée par des utilisateurs déjà acquis. Et pour nous la priorité au tout début forcément c’était d’acquérir nos premiers utilisateurs, et développer une application requiert un certain budget. Maintenant qu’on a une base solide d’abonnés, l’idée c’est vraiment de les fidéliser, et de leur permettre de faire leurs courses via une application pour que ce soit vraiment le plus facile possible.
Adèle Picolo:
Et j’avais lu un article sur une prochaine levée de fonds pour aider au développement ?
Emna Everard:
Alors cette levée de fonds vient d’être faite. Et elle avait deux buts, le premier c’était de financer le développement de la marque propre et le deuxième c’était justement de financer toutes les activités logistiques, les achats, les investissements, les machines etc.
Adèle Picolo:
Et au niveau de votre site e-commerce, est-ce que vous avez justement prévu de le développer, de changer des choses ?
Emna Everard:
Alors la première chose c’est qu’on va améliorer la personnalisation de l’achat, rajouter toute une série de filtres, permettre aux clients d’insérer des critères, de dire par exemple “Je suis une femme qui fait beaucoup de sport et j’ai une compétition dans deux mois, et donc je vais suivre un régime protéiné etc.” Donc vraiment personnaliser ça et de lui permettre d’avoir accès à des conseils et des produits qui lui sont adaptés. Donc travailler au niveau de la personnalisation sur le site.
Adèle Picolo:
Et pour le moment au niveau de la personnalisation, quand les clients ont des questions, on répond avec le chatbot.
Emna Everard:
Exactement. Donc il y a vraiment énormément de requêtes via le chat. On voit que les gens sont de plus en plus habitués à utiliser les chat des sites internet et c’est très apprécié. Si quelqu’un répond derrière le chat un dimanche à 18 heures, les clients sont en général assez assez surpris qu’il y ait une réponse aux questions. Pour être tout à fait franche, on avait commencé justement avec un chatbot, donc un robot qui répond aux questions des clients. Mais on a des questions qui sont tellement variées que c’est très difficile pour le moment avec les technologies actuelles d’utiliser des chatbot. Les gens sont souvent à poser des questions sur un produit spécifique, ou sur un retour en stock, ou à demander une recommandation etc. C’est très dur à généraliser. Donc on utilise un chatbot pour les questions très générales du style “Quelles sont vos conditions de livraison? Comment fonctionne l’abonnement?” Pour toutes les autres questions, on ne l’utilise pas. Ça peut rapidement agacer aussi le client d’avoir quelqu’un qui répond à une question qui est inappropriée, donc on essaie de faire le suivi correctement.
Adèle Picolo:
Du coup derrière il y a quelqu’un qui va prendre le relais. Est-ce qu’on peut justement communiquer en direct avec une personne ?
Emna Everard:
Oui. Donc tous les jours de la semaine de 9 à 18 heures il y a une personne qui est là et qui va répondre durant toute la journée aux questions en direct.
Adèle Picolo:
Sur ta vision du marché, le marché du bio, le marché du e-commerce bio, tu le vois comment pour les prochaines années ?
Emna Everard:
Je pense que, en tout cas pour la France et pour la Belgique, ça tend de plus en plus vers des chaînes de supermarchés ou des gros sites e-commerce. On a eu une tendance avec énormément de petits magasins bio qui se sont développés à gauche à droite, mais on voit de plus en plus que ces petits magasins bio ont du mal à rester debout. Il y a de plus en plus de grandes chaînes, comme des Naturalia, des Bio c’Bon, etc. qui arrivent et qui s’implantent sur tout le pays. Donc je pense que ça va aller dans cette direction-là. Après je sais qu’il y a des magasins comme Carrefour qui font la promesse que d’ici quelques années ils seront 100% bio. Donc on va voir ce que ça va donner aussi au niveau du gros retail, des gros acteurs dans les supermarchés. On parle maintenant de la bio et plus du bio pour justement différencier le bio classique du bio plus responsable, plus éthique etc. Je pense qu’on va aussi tendre vers tout ça. Les acteurs plus petits ou les autres acteurs qui sont déjà aujourd’hui dans le bio vont se diriger vers la bio alors que des gros acteurs dans le commerce vont aller dans le bio de masse, ils sont déjà en train petit à petit de le faire.
Adèle Picolo:
Et du coup, parce que tu parlais justement des grands groupes et du gros retail qui se tournent vers le bio, au niveau de vos partenariats et des marques avec lesquelles vous travaillez, est-ce que justement il y a des gros retails, ou ce sont vraiment des marques plutôt locales ?
Emna Everard:
Alors pour le moment il y a des deux. Chacun des fournisseurs avec lesquels on travaille on les connaît, on a une bonne relation avec eux. On favorise de temps en temps, je dirais même régulièrement, les start-ups, les petits projets et les petites marques qui sont moins connues. Après, le consommateur parfois pousse aussi à avoir des marques classiques qui se retrouvent un peu partout. Le client sait ce qu’il veut, il n’a pas toujours confiance dans les nouveaux produits, de nouvelles marques etc. C’est un petit peu à lui de faire le pas et de se dire “Je vais essayer de tester une alternative à cette grande marque que je connais depuis toujours.” Mais aujourd’hui, c’est encore très très délicat pour nous de supprimer complètement toutes les grandes marques. On le fait petit à petit dès qu’on voit qu’on arrive à convaincre le client qu’une petite marque sympa, avec de bonnes de valeurs etc. est une bonne alternative, mais ça reste encore dur pour certaines grosses marques.
Adèle Picolo:
Parce que c’est vrai qu’une fois qu’on est habitué à consommer une marque, il est difficile de passer à autre chose. Et justement est-ce qu’il n’y a pas des freins par rapport à ça ? Quand par exemple dans une catégorie, vous proposez beaucoup de produits dont la marque n’est pas forcément très connue du grand public. Est-ce que vous arrivez, comment est-ce que vous arrivez à le convaincre ?
Emna Everard:
Sur ces marques-là, on va vraiment travailler main dans la main avec le fournisseur. On va par exemple dire voilà on va faire une petite campagne de pub ensemble, on va échantillonner les commandes etc. parce que le client il faut le pousser à découvrir. Si on met des petits échantillons dans les commandes, forcément si ça lui plaît, la probabilité qu’il commande par la suite est plus élevée. Ce sont des marques avec lesquelles l’effort marketing est supérieur à celui des grandes marques où il ne faut presque pas faire d’effort et où ça ne sert presque à rien de communiquer parce que les gens les trouveront et les commanderont quand même.
Adèle Picolo:
Je pense qu’on a tout dit, n’hésitez pas justement à aller voir sur les réseaux sociaux, sur Instagram notamment puisque tu nous en as parlé, le site de Kazidomi pour découvrir les produits, pour poser des questions aussi. Je te remercie du coup Emna d’avoir partagé ton expérience et tes connaissances avec Kazidomi.
Emna Everard:
Avec grand plaisir. Merci pour votre écoute à tous.
J’espère que ce podcast vous a plu. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour la découverte de nouvelles personnalités. N’hésitez pas à vous abonner aux podcasts des explorateurs du e-commerce sur votre plateforme préférée, et à partager sur les réseaux si vous avez apprécié cet épisode. À très vite pour de nouvelles aventures, et n’oubliez pas que l’exploration se poursuit sur E-Commerce Nation.